Qui êtes-vous ?

Une frenchie à la découverte de l'autre bout du monde, partie voir là-bas si j'y étais.

mercredi 3 octobre 2012

Mardi toujours, bouger enfin sur Ubud

Alors que posée dans un restaurant au bord de plage, j'essaie de me remettre de ma séance de yoga de ce matin qui m'a laissée toute fébrile, ce que la longue marche sur la plage de semyniak avec tous mes sacs n'a pas aidé à arranger, je reçois enfin LE texto. "Votre appareil photo canon est réparé, vous pouvez venir le chercher." A peine le temps de finir mon apple mojito et mes tempuras de poisson et je saute dans un taxi direction Denpasar, pour récupérer mon précieux et avoir le temps ensuite d'aller directement à Ubud depuis la gare de bémo.

 Mon taxi essaie évidemment de me convaincre que ce sera moins cher pour moi de l'engager jusqu'à Ubud, mais un rapide calcul me convainc que non, et c'est de très mauvaise grâce qu'il me ramène à Kuta, pour que je puisse prendre la navette tant désirée. Ravie d'avoir retrouvé mon appareil, je commence à mitrailler dès la salle d'attente de l'agence de navette, qui cela dit vaut effectivement le coup d'oeil. Plantes en folie et bassin aux carpes, on ne se croirait pas vraiment dans une simple agence de transport de touristes, surtout pratiquant des tarifs aussi cheap.


Sanur,
un gardien de temple bien coloré
Attendre la navette ...
La route pour Ubud passe entre des dizaines de boutiques où les balinais peuvent trouver tout ce dont ils ont besoin pour ameubler leur temples domestiques et leurs jardins. Statues, autels, plantes en tout genre et de toutes tailles, retables… la profusion est telle qu’on imagine mal que qui que ce soit soit venu acheter quoi que ce soit depuis des années, et pourtant… Des ganeshs vert bouteille, des boudahs de trois mètres dont on comprend mal comment l’acheteur peut les faire transporter jusqu’à sa demeure, des statues couchées, assises, avec huit bras… Les visages de pierre se succèdent et défilent devant les fenêtres du bémo grinçant qui m’amène en presque deux heures à Ubud.
 Avec le rêve que m’avait vendu papa, je m’attendais en arrivant à Ubud à être dans un petit village emprunt de mysticisme. La réalité est tout autre, mais les lieux ont dû tellement changer en dix ans… A l’arrivée, j’attends Jay, mon hôte de couch surfing de ce soir, qui doit venir me chercher en mob. Un texto de lui me prévient qu’il y a une procession sur la route, qui devrait le retarder d’un quart d’heure…. « This is Bali » lui réponds-je dans un sourire, en sirotant mon thé glacé, bien installée dans le café juste en face du terminal Perama.

Au premier abord, Jay n’est pas facile d’accès. Au deuxième non plus à la réflexion. Embarquée sur son scooter, dans le jour qui décline, nous quittons le centre-ville pour nous retrouver au milieu des rizières, sur des chemins à peine plus large que la moto. Voilà de quoi me faire sérieusement repenser à l’option de louer un scooter. 
Jay me fait entrer ce qui semble au départ être un hôtel de luxe. A aucun moment je ne comprendrais vraiment ce qu’est cet endroit, mais à mesure que je le découvre, j’hallucine de plus en plus. Un salon extérieur, une immense piscine, partout des plantes et des statues dans un jardin léché à l’extrême. 
Abasourdie, je suis mon hôte sur de petits chemins de pierre qui nous font passer devant des villas pour arriver enfin devant une construction moderne, incroyablement haute de plafond et meublée de ce qui, même à mes yeux de profane, est clairement un ensemble de pièces uniques et d’œuvres d’art. 
Jay, toujours distant, me montre ma chambre, où une baie vitrée immense donnant sur un mur végétal éclaire un lit king size, et m’indique la salle de bain, pour que je puisse m’y rafraichir. La salle de bain… A elle seule, elle doit être plus grande que mon premier studio à Paris.
 Plongé dans son ordinateur, Jay ne m’accorde pas vraiment d’attention lorsque j’en émerge, sinon pour me demander du bout des lèvres si j’ai mangé et ce que je voudrais manger. Je commence à avoir l’impression persistante qu’il n’est pas enchanté de ma présence. Il a pourtant accepté ma requête… Le tête à tête autour du repas risque d’être bien froid… Et pourtant non, pas du tout. Après avoir trouvé un resto où le bâtiment principal a une architecture javanaise et dont la pelouse est parsemée de petites tables en bambou, mon hôte se met brusquement à me parler et nous en venons rapidement à aborder quasi les mêmes thèmes que ceux dont j’ai déjà parlé avec Anthony en cette première nuit à Kuta. Complot mondial, rôle des banques et du FBI dans les attentats du 11 Septembre, envie de retourner à une vie plus saine, plus détachée du système, et de cultiver ses légumes en permaculture, décidément, soit le monde change, soit les gens que je rencontre font de plus en plus partie du même cercle de pensée, de la même noosphère.

Il se trouve que j’ai la chance d’être à Ubud pour l’anniversaire des temples, qui se produit tous les 210 jours et il y a justement une cérémonie au Pura Dalem Ubud ce soir. Jay m’y laisse, sur la promesse qu’un de ses (sept) employés viendra me chercher vers 10h15. Un sarong d’emprunt noué autour de la taille et une fleur à l’oreille, je monte donc au temple m’entasser avec les fidèles pour une longue prière collective où les offrandes se succèdent. Coincée près de la sortie, contre une suisse, j’observe puis me fait bénir par leur prêtre et manque faire une grosse bourde lorsqu’il me donne un peu de riz que je porte à ma bouche. Ce riz-là est pour marquer qu’on a prié et se dépose sur le front, les tempes et le creux de la gorge. Mais sur moi comme sur ma camarade étrangère, le riz ne colle pas… On se regarde et on rigole. On a apparemment loupé les danses legong pour ce soir et je rejoins le boy de Jay, qui me dépose à la villa, en passant de nouveau par ce chemin effrayant dans les rizières.

1 commentaire: