Au réveil, Dion m’apprend qu’il doit rentrer à
Kuta en fin d’après-midi, pour voir son oncle qui vit à l’étranger.
Voilà qui
bouleverse un peu le semblant de plan que j’avais et met un terme brutal à
notre road trip. Mais il nous reste toute la journée, que nous employons à
aller jusqu’à Tirtagganga en passant par Candidasa, où j’espérais m’arrêter une
nuit. Avant toute chose, Dion m’emmène de lui-même à Tenganan, un village dit
Bali-aga, c’est-à-dire balinais de pure souche, non « contaminé » par
les influences indo-javanaises.
On paye un droit d’entrée libre, qui est
ensuite redistribué aux habitants du village, enclos de murs pour préserver
l’intimité de leurs traditions séculaires. Pour ce qui est de la journée, le
touriste est admis partout, jusque dans l’intérieur des maisons où sont
proposées des vanneries, des instruments de musique traditionnels, dont quelque
chose qui ressemble fortement à une guimbarde et que j’achèterais volontiers
pour Julien si je rentrais en France ensuite. On y trouve aussi des petits
stands de vente de calendriers et dessins gravés et encrés au noir de noix de
macadamia brûlée, ce qui permet une palette restreinte mais harmonieuse de
dégradés de noirs et bruns. Faits pour être repliés entre deux plaquettes d’écorce,
ces calendriers ne prennent vraiment que très peu de place, mais encore une
fois, j’essaye de garder mon sac dans l’état où il est, et même plutôt de voir
comment me débarrasser de certains objets plutôt que d’en accumuler d’autres.
Enfin, la spécialité du village, ce sont ses coqs teints de couleur vive.
Enfin, la spécialité du village, ce sont ses coqs teints de couleur vive.
Non, je plaisante. Si les villageois font
effectivement des combats de coqs, et les teignent en vert, rose, orange ou
jaune fluo pour mieux les distinguer lors du combat, la spécialité de l’endroit,
c’est le double ikat. Comme me l’explique gentiment un villageois qui est dans
le tissage depuis des générations, le double ikat consiste en un tissage dont
les fils de trame et de chaîne sont teints au préalable selon le motif que l’on
veut obtenir. Pour réserver des zones sans couleur, des fibres de palme sont
utilisées pour faire un nœud autour de l’écheveau, et empêcher la couleur de
pénétrer. Et pour ce qui est des coloris, ils sont obtenus à partir de tout un
tas d’éléments naturels : feuilles, écorces, graines, poudre de pierre…
L’explication est passionnante, et, encore une fois, si j’avais un canapé sur
lequel déposer l’un de ces tissus dont il m’explique qu’ils ont été faits par
sa grand-mère… J’apprendrais plus tard que le double ikat est considéré comme
sacré et qu’il n’est pas vendu aux touristes, que ce ne sont que des copies
effectuées pour ressembler à du vieux, mais le petit moment d’explication ne
perd pas pour autant de son charme.
On se dirige ensuite vers le village de
Tirtagganga même, avec une pause pour admirer les rizières, pour trouver le
water palace. Pas si simple, car il n’est indiqué nulle part et les locaux ne
voient pas de quoi on parle. Finalement, c’est en repérant un restaurant qui
est situé pile en face selon le Petit Futé que nous mettons la main sur
l’endroit. Et quelle splendeur ! Les photos parleront mieux que moi de ces
bassins entourés d’une végétation luxuriante et parfaitement arrangée. Il y a
un hôtel dans la propriété, et même si le prix doit être prohibitif, la quiétude
et la beauté du lieu le justifient très certainement.
L’heure tourne et la dernière étape à laquelle
j’ai droit avant que Dion file sur Kuta, c’est d’aller jusqu’au Pura Lempuyang.
Il s’agit en fait d’un complexe de 6 temples étagés dans la montagne, dont nous
ne verrons que le premier, et encore avec difficulté car la route est raide et
je dois plus d’une fois marcher à côté de la mob’ qui n’arrive pas à nous
hisser tous les deux. Mais ça vaut définitivement le coup quand on arrive au
temple du bas, dont la haute porte fendue donne directement sur le volcan du Mt
Agung. Si la cour du temple en lui-même n’est pas exceptionnelle, le triple
escalier en forme de serpents qui y mène est à couper le souffle, surtout dans
cette pierre très blanche que je n’ai vu nulle part ailleurs.
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