Qui êtes-vous ?

Une frenchie à la découverte de l'autre bout du monde, partie voir là-bas si j'y étais.

mercredi 20 février 2013

Ici c'est le paradis...

Si l’avant Noël a été calme, Robb a de gros projets pour ce début d’année, et le fait que je sois prête à bosser plus de 4h par jour n’est pas pour rien dans les grandes discussions que nous avons sur ce qu’on va mettre en œuvre ensemble. Au menu, d’abord récolter et préparer l’ail pour le séchage, puis construction de la structure et mise en route de la future pile de compost, qui fera plusieurs mètres cubes, et en parallèle, design et construction de la première partie du jardin potager, et test grandeur nature avec du vermicompost acheté à la ferme à vers voisine, que je pourrais visiter à cette occasion. C’est hyper enthousiasmant et je suis toute prête à rester 2 à 3 semaines ici, mon timing d’arrivée était parfait !




Le balcon à côté de ma chambre
et sa vue.








Robb, à 42 ans, possède sa propre ferme depuis seulement 4 ans, mais il a accumulé une quantité impressionnante de ressources sur les méthodes de permaculture et toutes sortes de sujets ayant trait à l’auto-suffisance ou auto-résilience. La façon dont il s’illumine en en parlant reflète, j’en suis sûre, l’enthousiasme qu’on peut lire sur mon propre visage lorsque j’apprends de nouvelles connaissances. Je pioche intensivement dans sa bibliothèque et me gave de nouveaux concepts, que j’affine en discutant avec lui. Ses projets pour la ferme voient grands, mais ça ne me semble pas infaisable, sur cette surface, de nourrir aisément une famille de 7. D’autant qu’ils font déjà leur pain, leurs spiritueux et leur yaourt, et bien sûr il y a les poules, les cochons, les vaches, canards et moutons pour la viande.  Facile donc d’avoir même des surplus à vendre soit au marché, comme leur ail, en tant que produit sans traitement chimique (la certification bio coûte trop cher), soit dans un petit stand à l’extérieur de la propriété. Munis d’une  « honesty box », une petit boîte dans laquelle l’acheteur respectueux glisse le prix de ce qu’il a prélevé sur l’étal, ces stands fleurissent partout devant les maisons et semblent fonctionner plutôt bien, ce qui m’ébahit complètement car je ne crois pas la même chose possible en France. A tort peut-être, mais il n’empêche.  





Après Noël, les deux filles partent chez leur mère, la seconde partenaire de Robb ( de la première il a un fils de 20 ans qu’il ne voit presque jamais). Shaun et moi on se partage donc durant une semaine les tâches destinées aux enfants, à la maison et dans la ferme : préparer et donner le grain aux animaux, donner la ration de patate douce (un boulot épuisant qui nécessite de pelleter et brouetter des tombereaux de patate), collecter les œufs, arroser les cochons quand la température est trop élevée ; mais aussi débarrasser la table, faire le pain, la vaisselle, passer le balai… Vu que j’ai également vu les grands s’occuper de faire manger et baigner les petits, ainsi qu’étendre le linge, je commence à me demander ce que Tammy, la mère, fait à la maison et dans la ferme. Peut-être travaille-t-elle lorsque ce n’est pas les vacances scolaires et que du coup, là, elle prend un bon break.

En parallèle, le matin tôt car dès 8-9h la température est infernale, je m’occupe de ramasser l’ail. Ce qui implique d’abord de manier la fourche pour le sortir du sol, puis de le disposer en bottes qu’on laisse sécher une demi-journée avant de les ramasser et de les disposer sur des grilles aérées par des ventilateurs, où elles vont subir un premier séchage. Si Shaun, Robb et une fois même Tammy, me donnent un coup de main sur la récolte, c’est tout de même moi qui en fait la plus grande partie, en quelques matinées bien remplies. 

L’étape suivante est le « snippage ». Il s’agit de se débarrasser des feuilles sèches et de donner à l’ail une forme un peu plus présentable, sans pour autant enlever toute la tige, ni les racines. Ce premier nettoyage est grossier et a pour but de permettre un meilleur séchage, un second nettoyage plus poussé rendra les têtes d’ail présentables pour le marché. Dans le même temps, on récolte, avec l’aide appliquée et un peu brouillon des deux petits, les minuscules bulbilles qui, encapsulées dans leurs coques jaune foncé, entourent les têtes d’ail. Elles pourront être replantées pour donner de mini-ails, parfaits pour l’apéro, et forts en gout. Un podcast de l’émission de radio Terre à Terre dans les oreilles, le sécateur pneumatique à la main, je snippe à moi seule les ¾ de la récolte en un peu moins d’une semaine, quelques grilles chaque jour, partageant parfois la tâche avec Robb, ce qui nous permet d’avoir encore de bonnes discussions, rythmées par les « pschit-clac ! » de nos machines infernales.




Je m’installe doucement dans une de ces routines de ferme que j’ai appris à apprécier. Levé très tôt, à peine après le soleil, se faire un thé, que je sirote tranquillement en regardant les couleurs changer du balcon, ou les chatons batifoler. Puis aller nourrir les animaux, en commençant par les canards, qui accourent à mon appel ("duck duck duck duck duuuuck") et me suivent en file indienne. Revenir prendre le petit déjeuner. A ce moment-là en général les autres membres de la famille sont levés, sinon, j’enchaîne sur une rangée d’ail à sortir de terre ou un plateau d’ail à snipper. Même s’ils sont levés en fait, car ils ne sont souvent opérationnels qu’un peu plus tard. Les jours s’enchaînent doucement, l’après-midi, la chaleur écrasante me pousse à la sieste. La journée se rythme par la collecte des œufs, qui permet aussi d’apprendre aux deux petits qu’il faut partager, en l’occurrence ici l’honneur d’être porteur du panier des œufs. Un problème que je résous souvent en confiant à Bobby, la petite puce de 2 ans, UN œuf, qu’elle ramène ensuite très précautionneusement et très fière d’elle, jusqu’à la maison. 






Mignon mais pénible :p



Duck duck duck duck duuuuuck!
hihi, les petits derniers.





Je suis attendue impatiemment.


Ce canard est complètement con.
Non seulement il se prend pour une poule
mais en plus il pince lorsqu'on essaye de prendre les oeufs sur lesquels il est assis.


Des brouettées de patates douces...
Le Nouvel An se fond dans cette douce monotonie où filent les jours et ce soir-là je me couche à 22h, comme d’habitude, sans même une pointe d’amertume.

jeudi 14 février 2013

Noël chez les Bradfield

Arriver chez les Bradfield, c'est plonger dans un sacré tourbillon.
5 enfants, de 2, 3, 11 et deux fois 13 ans, de trois fratries différentes. Un ami de la famille qui vit là de façon semi-permanente. Trois chattes et 6 chatons. Des canards, des poules, des vaches, des cochons, des moutons (13, ah non, 12, il y en a un qui est mort...)...






Nous sommes le 22 décembre, toute la famille se balade avec des airs de conspirateurs et en cachant derrière son dos des présents à moitié finis ou emballés et en chuchotant "On ne regarde pas, Secret Christmas Business!". Du coup, niveau travail, on y va mollo, mais je file un coup de main aux trois aînés qui ont chacun leurs corvées à faire et commence à me familiariser avec la gestion des animaux.

Le jour de Noël, le 25, arrive et à 5h30 tout le monde est sur le pont et les gamins surexcités prennent un à un les cadeaux des mains de leur père pour les distribuer à qui de droit.

D'avant en arrière : Bobby, Mike (l'ami), Tish, Tegan à droite, Tammy, Shaun, Kit et Rob au fond

Des trotinettes de compet!

Une fois la première floppée de cadeaux déballée, on file tous dans l'ancien bus scolaire qui est leur véhicule, et en avant chez la mère de Robb, pour d'autres cadeaux et beaucoup, beaucoup de nourriture.







So typiquement Australian...

On est prié de craquer la papillote avec son voisin, de récuperer le cadeau qui est dedans...

ainsi que la couronne, qu'on se doit de se mettre sur la tête

Ca donne l'air intelligent


Très intelligent ^^

Au final, j'aurais passé cette journée de Noël en famille, même si pas dans la mienne et puis j'ai pu parler aux miens le 25 au matin (24 au soir pour eux) assise au soleil face à des palmiers ^^
Ça a quelque chose de profondément étrange comme Noël, mais la gentillesse de ces gens qui m'accueillent et l'enthousiasme des gamins en fait une très chouette journée.