Il semblerait que j’ai perdu l’intégralité des photos de
cette journée.
Une fausse manip de copie liée à Picasa probablement. La
frustration est grande car cette journée a été riche en beauté, et les photos
que j’en ai fait son probablement mes plus belles. Mais les souvenirs restent
tout de même dans ma tête.
Ce jour-là, je suis allée me balader dans les rizières
autour d’Ubud. Un arrêt au Lotus Café tout d’abord, pour contempler le
magnifique bassin aux nénuphars qui s’étend devant le Puri Saraswati, et c’est
parti pour une bonne ballade. Suivant les conseils d’un couple de français qui
petit déjeunait près de moi ce matin à la guesthouse, je me dirige vers la
rivière et ses ponts suspendus, afin de traverser à gué pour récupérer les
escaliers qui mènent au temple et au début de la promenade (environ 6
kilomètres). Mais arrivée au gué, une surprise m’attend. Sur la grosse pierre
ronde qui permet de traverser à pied sec, se tient une petite cérémonie
domestique. Une femme en blanc la mène, et ses quelques ouailles sont tout à
leurs offrandes et prières. Pas question de passer par là. Je rebrousse donc
chemin et traverse la cour d’une école toute proche pour récupérer mon
itinéraire.
Le soleil cogne dur et je sue à grande eau dans la chaleur
humide qui monte des palmeraies qui bordent la rivière. Le long de son cours,
des villas et hôtels luxueux s’étagent dans une verdure luxuriante, étalant
leurs piscines et terrasses déportées jusqu’à l’extrême bord de la vallée. Il
ne doit pas faire mauvais se payer des vacances de riches dans ces endroits
paradisiaques. En attendant, moi je marché sous le cagnard, en grignotant des
gateaux veggies et raw (sans cuisson) achetés la veille dans un magasin hyper
branché. Le contraste est frappant entre cette nature vierge, les quelques
villages qu’on y croise, et la branchitude soigneusement polissée et
occidentalisée d’Ubud. Le petit village charmant que me décrivait papa a été
bien modelé pour complaire aux touristes. Boutiques de fringues et restaurants
bio/végétariens, galeries d’art, on se croirait plus à San Fransisco qu’en
Indonésie à certains moments.
J’ai dû me perdre à un moment, et mon guide ne m’est
d’aucune aide. Si l’itinéraire de balade dans les rizières est censé faire 6
kilomètres, cela fait bien plus longtemps que je marche. Pire, je me retrouve
coincée sur une route assez passante, et sans espoir de trouver de chemin
parallèle pour éviter de m’y faire klaxonner à tout bout de champ par scooters
et camions. Les rizières sont loin et me voici de nouveau dans une forêt type
jungle, que j’arpente durant de longs kilomètres, demandant mon chemin de loin
en loin. J’y gagne la découverte des villages environnant, et l’arrivée par la
JL Raya Sangginan, que j’envisageais justement d’arpenter. J’y trouve notamment
un petit warung spécialisé dans les grillades, naughty nick où je commande un
riz aux légumes tellement riche en gout que je n’arrive pas à en avaler plus de
la moitié. C’est délicieux, mais simplement trop puissant, sans pour autant
être épicé. Pour une fois qu’il n’y a pas de chili… en tout cas je commence à
croire que je ne me ferais pas à la nourriture asiatique, même si je souffre
moins ici qu’au Népal.
Juste en face de ma halte déjeunatoire, le Nekka museum,
référence de la peinture balinaise. Très bien organisé l’édifice se constitue d’un
jardin où plusieurs pavillons qui se succèdent et montrent la peinture
balinaise telle qu’elle était à son origine (visages de profil, formes et
costumes très stylisés, absence de perspective…), puis l’influence des peintres
occidentaux venus s’installer dans la région, et décortique les changements
survenus. Dans la peinture balinaise moderne, de nombreux styles semblent se
côtoyer et certains tableaux me touchent vraiment énormément. Une bonne
introduction à la peinture balinaise disait mon guide. Je veux bien le croire.
Un des derniers pavillons renferme une collection de photos noir et blanc
montrant la vie quotidienne balinaise au milieu du siècle dernier et les
performances et entrainements d’un de leurs danseurs stars de Kacak et legong.
Passionnant. C’est d’ailleurs le choix que j’ai fait pour ce soir, aller voir
un spectacle de legong, au palais royal.
Mais il me reste encore de longs kilomètres avant d'arriver au centre ville. Sur le chemin, je croise un immense squat d'art contemporain, de charmantes rues adjacentes où je cherche en vain à me faire masser, car tous les salons sont plein, pour finalement échouer près de la rue principale pour un soin complet (massage d'1h+ gommage, bain aux fleurs et soin du visage). Si le massage est divin, je ne me sens pas plus douce du gommage, bien que je doute qu'il me reste une seule peau morte sur le corps. Attendant que la pièce soit nettoyée pour recevoir mon soin du visage, je m'amuse avec les pétales dans la baignoire, me sentant un peu nouille tout de même. Quant au soin du visage, c'est frais, à l'aloe vera, mais je ne vois pas de modifications drastique sur ma peau. Enfin, j'aurais essayé.
Pour cause de cérémonie au palais, la représentation est déplacée sur l’esplanade de danse adjacente. Ce second spectacle est rythmé cette fois
par les tambours traditionnels et l’ensemble percussif de gamelans. Baignés de
lumière, les musiciens et danseurs sont magnifiques, et les photos aussi. Certaines sont presque mystiques, baignées de la lumière des bougies, empruntes de spiritualité...
Grrrrr.
Pourquoi a-t-il justement fallu que je supprime celles-ci ???
Enfin… La représentation finie je me précipite à mon homestay pour manger, car
l’un des habitants m’a proposé de m’emmener vers 10h voir les cérémonies de son
temple, qui pour le coup seront de vraies transes et de vraies danses, et non
pas des représentations touristiques comme ce que je viens de voir.
Mais une
fois mon (délicieux) poisson englouti, impossible de mettre la main sur lui. Je
n’ai évidemment pas pensé à demander son prénom et hors les deux jeunes gens
qui servent encore au restaurant, personne dans la cour de la maison familiale.
La fatigue me prenant, je laisse tomber, et file me coucher, non sans m’agacer
d’entendre, tout près mais impossible à localiser, le son des gamelans d’une
cérémonie au temple.
Levant la tête au ciel, je m'aperçois qu'ici, la lune est comme moi, elle a la tête en bas.
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