Encore un jour chez David à planter des centaines de
graines minuscules dans autant de verres en plastique et le samedi j’attrape un
bus qui me conduit à Kuranda. C’est là que Nadine et Sarah, de la ferme
chevrière, doivent venir me chercher, après être allées à la piscine. J’aurais
bien profité de l’occasion pour aller voir les gars du Real Food Network au
marché de Kuranda, qui bat son plein le samedi, mais j’ai bien senti en
appelant Nadine que l’horaire n’était pas trop négociable. J’ai beau être en
avance, je n’ose pas bouger de l’arrêt de bus de peur de les louper, car elles
n’ont pas de portable. Je comprendrais bientôt pourquoi.
A peine montée dans leur petite Suzuki nous sortons
de la ville et nous éloignons à bonne vitesse pour tourner dans une première,
puis une seconde piste, qui traverse deux ruisseaux susceptibles de crues
(routes submergeables, donc) tandis que Sarah m’explique qu’elles n’ont pas de
couverture réseau et qu’une fois elles ont dû ramener le soir-même une jeune
coréenne en ville car elle ne supportait pas d’être aussi isolée. C’est depuis
que dans leur entrée du guide de Wwoofing, il est bien précisé qu’il faut
savoir apprécier la tranquillité du bush. Ma foi, j’ai bien envie de me
déconnecter un peu, après une semaine et demi à me gaver de séries et
d’internet chez David, à qui j’ai d’ailleurs laissé un gros billet lorsque je
me suis rendue compte que pas plus que d’autres il n’avait un accès illimité,
juste plus important, et qu’il était maintenant considérablement ralenti du fait
de mon intense activité.
La maison, en bois et en briques paille-terre est très
simple et sobrement meublée et je vais bientôt vivre pleinement cette notion de
sobriété que j’ai déjà touchée du doigt chez les parents de Mael. Ici, on fait
avec ce qu’on a. Avec de notables exceptions tout de même : une grande télé à écran plat devant laquelle Nadine passe presque toutes ses soirées, notamment.
Dans ce qu’on a il y
a donc : un potager, qui n’est pas suffisant mais améliore bien
l’ordinaire ; une quinzaine de poules, pour les œufs, et parfois pour la
viande ; une nurserie d’arbres locaux ; 2 chiens de berger et 4
chèvres. 4 chèvres ???
Moi qui pensais que c’était une ferme chevrière, me
voilà bien désappointée.
Enfin, maintenant que me voilà ici, autant filer un
coup de main et voir un peu ce que c’est que de vivre au fond du bush.
|
Judy, un des deux chiens bergers et un amour de chien. |
|
A votre gauche, la nurserie d'arbres tropicaux.
Une pépinière quoi. |
|
Un petit potager bien sympathique.
On y découvre des légumes européens, mais aussi plein de variétés locales! |
|
Au fond, la maison des poules |
Le weekend
se consacre au désherbage, entrecoupé d’une grande ballade avec pique-nique du
côté de David Creeks, une rivière incroyable qui jaillit en cascade et forme
ensuite des piscines naturelles. Certains paysages me font un peu penser à la
Corse, c’est magnifique. Nadine grimpe comme un cabri avec ses sandales (Teva,
j’ai noté la marque car elles semblent vraiment solides et pratiques, à
scratch) tandis que Sarah peine un peu plus, ayant un moins bon grip sous la
semelle. Moi, avec mes chaussures de marche, je suis peinard, sauf que chaque
fois qu’on doit traverser à gué, je délace puis relace le tout. Des Teva
donc ?
|
Sarah |
La première partie de la semaine passe comme un
rêve : lever vers 6h, petit déjeuner de muesli au yaourt de chèvre maison,
nourrir les chèvres et ratisser leur enclos, arroser les jeunes arbres, faire
un peu de désherbage, de plantation ou passer la tondeuse. Vers 9h30/10h, on
s’arrête, un thé, une tartine de pâte de sésame mélangé à du miel, puis, sauf
si la température est encore clémente, quartier libre avec check régulier de la
ponte jusqu’à l’heure du repas, végétarien le plus souvent. Celui qui n’a pas
fait la cuisine fait la vaisselle, sieste ou simplement quartier libre, et
lorsque la fraicheur revient, à partir de 16h, on se remet au travail jusque
vers 18h. On mange tôt, souvent épicé de piment, un thé, et au lit entre 21h et
22h.
Nadine et Sarah travaillent toutes les deux à
mi-temps, l’une comme naturopathe et masseuse à Mareeba, les mardi, mercredi et
vendredi, l’autre dans un centre de Kuranda où elle s’occupe également de
jardinage, les lundi et jeudi. Elles partagent donc la voiture et la gestion de
la propriété (et des wwoofeurs) et leur système me semble extrêmement bien
rôdé. La vie est simple, j’ai rapidement pris le rythme et me sens en pleine
forme, dors comme un bébé lors de la sieste et la nuit. Nadine est allemande,
Sarah galloise et elles sont toutes deux assez faciles à comprendre pour que
nous puissions avoir de bonnes conversations, simplement ralenties par mon
manque de vocabulaire.
J’apprends au passage, dans les tâches quotidiennes de
l’entretien de la propriété, tout un tas de mots liés au bricolage et à
l’agriculture, de ces mots qu’on n’apprend pas à l’école. Je découvre aussi une faune et une flore riches, différentes. Les oiseaux semblent chanter (crier même) plus fort ici que partout ailleurs en Europe. Certains ont même un cri qui ressemble à celui de singes. Je vois mon premier Wallabie, avec un petit dans sa poche, découvre à quoi ressemble un ananasier, en me sentant un peu cruche, et fait l'expérience de tout un tas de nouvelles saveurs et odeurs.
|
Ma première araignée...
Elle fait environ la taille de ma main, mais pas de panique, elle ne mords quasi jamais et n'est pas venimeuse. |
|
Un Cucabura, de la famille des martins pêcheurs,
un oiseau pas farouche qui me suivait quand je ratissais ou tondais, à l’affût d'insectes |
|
Une sorte de lézard à collerette, de la famille des varans,
là, il jouait à cache-cache avec moi, tournant autour du tronc
à chaque fois que j'étais sur le point de prendre ma photo |
|
Juste pour le plaisir du contraste des couleurs, des lotus |
|
Un n'arbre à n'ananas!
|
Un jackfruit, fruit tropical sucré et collant, de la famille du durian mais pas aussi puant. |
|
Une graine étonnante, qui s'ouvre en parachute |
|
Des tas de feuilles, plein de tas de feuilles,
je suis devenue une pro du rateau ici |
|
|
Des petites plantules que c'est moi qui ai planté les graines! Comme elles sont belles...
C'est des snake beans, des sortes de haricots verts très longs, typiques des tropiques |
|
Owi les biquettes dans leur enclos au milieu du bush.
Enclos que j'ai tondu, comme les deux adjacents, sous le cagnard,
bataillant contre des touffes d'herbes d'1m de haut, denses comme des buissons |
|
Et ça, et ben c'est Sula, l'autre chien de berger. En vrac, en train de dormir. Sulaaaaaaaa mon bébé. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire