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Une frenchie à la découverte de l'autre bout du monde, partie voir là-bas si j'y étais.

vendredi 30 novembre 2012

Acheter un Van

Ahhhh le roadtrip en campervan, quel mythe. Mais avant toute chose, il faut trouver la bête.
Sur les conseils de David, je me suis focalisée sur les Toyota, et un modèle en particulier, le HiAce, qui est considéré comme un des plus fiables et donc très recherché. Confiante, j'ai attendu après l'éclipse pour me pencher vraiment sur mes recherches, pensant que de nombreux backpackers venus pour l'occasion revendraient leur fidèle véhicule une fois passé le festival. Par l'intermédiaire de Jez, j'ai mis la main sur un mécano de ses amis qui accepte de jeter un oeil aux vans qui pourraient m'intéresser, mais encore faudrait-il qu'il y en ait qui m'intéressent...

La fin de la semaine et toute la suivante vont donc se passer en check fievreux du site web, rafraîchit toutes les 15 minutes, pour ne pas louper LA perle, sillonage de la ville d'auberge de jeunesse en auberge de jeunesse, pour voir si les panneaux de petites annonces ne recèlent pas de trésors, visite de tous les concessionnaires auto (bien trop cher ma fille...) de Cairns... Un van d'une autre marque mais hyper bien équipé me passe sous le nez parce que je suis en dehors de la ville et que je n'ai qu'un bus par heure pour m'y rendre. On en voit deux autres, des Toyota, don l'un est vide, et l'autre que le mecano check pour moi, sans enthousiasme. Il n'est pas tout jeune, a beaucoup de kilomètres au compteur, semble ne pas avoir été très bien entretenu... Seulement voilà, il n'y a rien, celui-ci a le mérite d'être là, d'être haut de plafond, d'être déjà un peu aménagé, ce qui m'évitera de devoir construire un lit et une cuisine dedans... Et puis il vient avec tout un tas de garanties car il est vendu par un loueur de campervans. Bon, je suis un peu inquiète, mais ils prendront aussi soin de l'enregistrer pour moi, et il y a une assurance incluse... je suis prête à l'acheter. Mais Alain, un français qui fait lui aussi son business dans cette branche et que j'ai appelé par l'intermédiaire d'une petite annonce, me déconseille formellement ce van-ci, qu'il a vu lui aussi. En creusant un peu auprès du loueur je me rend compte qu'ils ne savent même pas précisément ce qui a été fait et quand sur le van, que la courroie de distribution, qui est censée être changée tous les 100 000 kms n'a probablement jamais été changée et que clairement, le van n'a pas été bien entretenu. Machine arrière toute, le matin même ou je dois aller le chercher, je rappelle pour annuler. Ça n'a pas l'air de les étonner plus que ça, et quelques dizaines de minutes plus tard, je le retrouve sur le site internet que j'ai déjà cité...

Je n'ai donc toujours pas de van. Pas de van. Et pas de petites annonces. Un autre Toyota, trop mignon, se présente. Modèle un peu vieux certes mais qui me ressemble bien, un peu bohème, avec sa couleur jaune et son pneu à l'avant. Son kilomètrage n'est pas faramineux et l'intérieur est vraiment trop mignon. Je suis sur le point de craquer quand Jez, qui jette un oeil à l'annonce par dessus mon épaule, me stoppe. Il s'agit d'un ancien van des télécoms australiens, des vans qui sont conçus pour ne pas pouvoir aller vite, ni loin, ce qui peut-être extrêmement dangereux sur autoroute ou en côte, lorsque je devrais rétrograder à 30 avec une file d'automobilistes furieux et près à me doubler à n'importe quel moment qui s'allonge derrière moi. Un petit coup de fil à la propriétaire (française) qui confirme qu'il est lent, et je lâche prise sur celui-ci aussi.





Et puis plus rien. Plus une seule nouvelle annonce. Mais où sont donc tous les vans qui étaient censés arriver après l'éclipse? Pas l'ombre d'un Toyota, à moins de regarder dans les petites annones du journal et d'accepter de payer 7500 à 8000 dollars pour un van vide, qu'il me faudra ensuite entièrement équiper. Je tourne en rond et je me rend bien compte que la patience de Jez, qui a mis un point d'honneur à m'accompagner pour ces démarches, histoire de pouvoir gérer la compréhension complète des informations, atteint ses limites. Je discute alors avec Violaine, qui me demande si ce ne serait pas plus simple et moins cher de prendre une voiture. Bonne idée!

Oui mais voilà, une voiture un peu fiable, c'est globalement le même prix qu'un van de backpacker. Et ensuite, il me faudra la revendre, pour acheter un van. Un emmerdement de plus. Et soudain, la révélation. A chaque fois, dans ma vie, que je cherche quelque chose et que je reste sur place pour l'attendre, rien ne se passe. Alors je lâche prise, et je commence à chercher comment me rendre à Brisbane en faisant des sauts de puce le long de la côte. Pas de covoiturage en vue, mais il existe un bus qui me permet, avec un pass trois mois, de monter et descendre où je veux. Enfin, où je veux là où il s'arrête, et sans possibilité de revenir en arrière. Après tout ce n'est pas si mal comme solution. Je ne serais pas libre comme si j'avais un véhicule, mais au moins je pourrais visiter un peu. Et puis mes futurs hôtes pourront surement venir me chercher dans la ville la plus proche de chez eux. Encore une fois, je suis prête à acheter. J'attends juste des réponses d'autres hôtes, plus bas sur la côte, pour savoir quand partir. Mais les deux me répondent que ce serait plus simple si j'avais un véhicule.

Et puis coup sur coup, au début de la semaine suivante, alors que j'ai quasi abandonné l'idée et que je ne jette qu'un vague oeil,  je vois trois vans qui me plaisent. Et là ça va très vite, car je ne suis pas la seule sur le coup. J'arrive à convaincre les propriétaires de me les amener ici, à Machans Beach pour que Ian puisse les contrôler. Premier van checké, l'intérieur est juste génial, grand, bien aménagé, avec un lit qui se replie en banquette, un tas de matériel, un frigo et même une planche de surf. Mais Ian est un peu dubitatif sur le prix compte tenu de ce qu'il a relevé comme étant à faire sur le van pour être sur que je peux partir avec l'esprit tranquille. Je décide de prendre la nuit pour réfléchir et de voir un deuxième van, que je n'arriverais à faire venir que le lendemain. Les proprios du premier van sont censés me le garder au frais, mais en même temps des anglais sont aussi intéressés et pourraient dégainer les premiers. 

Le second van, s'il est plus fiable d'un point de vue mécanique, me plait vraiment moins. Plus petit, sans frigo, sans lit repliable, il me rend un peu claustrophobique. Seule la partie cuisine est sympa. Et même si Ian me confirme que de ceux qu'on a vu, c'est celui en meilleur état, je n'arrive pas à m'imaginer vivre dedans durant plusieurs mois. D'autant qu'il y a aussi des réparations à faire, que celui-ci n'a pas son contrôle technique, qu'il est enregistré à l'autre bout du pays et que je n'aurais jamais le temps d'y aller avant la fin de l'enregistrement, ce qui risque de compliquer les choses. Il n'a également pas de vitre arrière, ce qui peut poser problème pour le contrôle technique, et à la place un panneau sur lequel un aborigène a été dessiné à la brosse à dent. Pas évident à revendre non plus donc.

Ceci n'est pas mon van

Une cuisine bien sympa, mais ça ne fait pas tout
Pas mal le bureau à l'intérieur
 Les proprios sont super sympathiques mais pas mal stressés car ils doivent partir d'ici deux jours et n'ont trouvé personne pour leur reprendre le van. En discutant ils me disent que trois anglais étaient intéressés par leur van mais en ont vu un autre, dont le lit se transforme en banquette, et leur ont donc dit qu'ils allaient prendre celui-là. Soit le van que je voulais aussi! Je m'empresse de rappeler les autres proprios mais clairement c'est trop tard, les anglais sont surs, ils ont le cash avec eux, et moi je veux juste revoir le van et je ne peux les payer que par virement... Et voilà, second van qui me passe sous le nez. Je remercie les proprios de celui que je suis en train de voir et leur dit que je vais les rappeler dans l'aprem puis rentre de chez le mécano à chez Jez, déprimée d'avoir loupé celui qui me plaisait tant.

Nouvelle connection sur Gumtree à peine rentrée et un autre van me tape dans l'oeil. J'avais déjà vu l'annonce pour celui-ci il y a deux semaines mais elle a été modifiée depuis. Ce n'est pas un Toyota, mais un Mitsubishi, la deuxième marque la plus fiable selon Ian, avec un peu de kilomètrage, mais plutôt jeune, potentiellement bien entretenu, et à voir les photos, l'intérieur est pas mal. Je rappelle Ian et le proprio de ce van dans la foulée pour fixer un rendez-vous dans l'aprem. Au premier abord, le contact ne passe pas super bien avec Sylvain, le proprio, moins bien qu'avec les deux précédents couples, mais le van est clairement en excellent état et Sylvain est pressé de vendre. On négocie sur le fait qu'il y a la contrôle technique à faire et Ian nous liste ce qui pourrait éventuellement être relevé par l'inspecteur. Puis, parce que Sylvain pense que c'est plus sur qu'il aille se charger du contrôle technique, Ian appelle un de ses collègues et nous envoie vers lui, ou plutôt envoie Sylvain, qui se charge de la corvée tout seul. Au final, une liste un peu moins longue que ce que Ian avait relevé, mais pas mal de petites choses à régler. On discute, on négocie, et on arrive à un accord : Sylvain se charge de trouver de nouveaux pneus, de réparer le volant et les endroits rouillés et Ian réparera le reste, ensuite on partagera les frais. En deux parts égales. Je crois que j'ai énormément de chance sur ce coup là, parce qu'il pourrait clairement me le vendre en l'état (même si je négocierait à la baisse) ou au moins ne pas se charger de quoi que ce soit ou me laisser payer les réparations.

Je crois bien que j'ai trouvé mon van. Reste à voir le montant que Ian me demandera pour les réparations et négocier le prix final. En tout cas Ian m'aura été d'une aide précieuse. Cet homme est vraiment adorable. Il est même incroyable d'honnêteté et de serviabilité, essayant de négocier pour moi auprès des propriétaires, me donnant ses conseils sans jamais rien m'imposer en les formulant d'une façon toute paternelle : "si je devais mettre ma fille dans un van, ce serait plutôt celui-ci que les autres qu'on a vu".

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