Qui êtes-vous ?

Une frenchie à la découverte de l'autre bout du monde, partie voir là-bas si j'y étais.

dimanche 24 mars 2013

La grande (dés)illusion

Photos ici pour cause de connexion lente.

Depuis que Jez m’a fait découvrir la permaculture, j’ai essayé de centrer mes demandes de wwoofing autour de ce concept. Alors quand Zaia et Tom Kendall ont accepté ma requête, j’étais folle d’excitation. Tom, étudiant de Geoff Lawton, designer majeur du mouvement, a monté l’antenne pour la Sunshine Coast du PRI (Permaculture Research Institute), situé lui au nord de la Nouvelle Galles du Sud. Si Geoff est assez inapprochable du fait de sa célébrité, Tom reste encore relativement facile d’accès, même s’il choisit soigneusement ses wwoofers. Je suis donc arrivée à Kin Kin avec beaucoup d’attentes et une phrase tournant en boucle dans ma tête « Je vais wwoofer avec Tom Kendall quoi ! ».

La réalité va piquer. 
Tom vient juste de donner un certificat intensif de deux semaines avec un groupe de très jeunes étudiants et lui et Zaia sont complètement épuisés. A mon arrivée, Tom me montre où je peux parquer mon van, et m’explique rapidement comment allumer un feu pour chauffer l’eau de la douche. Puis il me colle un balai dans les mains, me demande de bien vouloir nettoyer « l’espace volontaires » (bus/salon, cuisine et salle à manger) et me laisse en plan, rendez-vous à 6h pour le dîner. Pas d’autre contact avant le repas, qu’ils prennent au lance-pierre sans me poser la moindre question sur moi ni même vraiment m’adresser la parole, avant de retourner dans leur maison, en me disant que le petit déjeuner est à 6h45. Heu. Ok…

Le lendemain matin ressemble en tous points à ces premiers moments puisque je suis chargée de nettoyer l’espace d’apprentissage et les petites cabines où les étudiants ont logés. Ah, donc il y a des chambrettes sympa avec lit. Oui, mais moi il est prévu que je dorme dans mon van. Et encore, ça pourrait être pire, j’ai un véhicule muni d’un lit, je n’ai pas à dormir en tente. L’espace étude est jonché de tasses, comme si trente personnes avaient pris le café ici, ou qu’une dizaine avait systématiquement déposé leurs tasses n’importe où sans se soucier de les laver. Il y a du bordel partout, la salle de bain est dans un état abominable, les sols moquettés, vu que nous sommes en extérieurs, méritent un bon balayage… 

Heureusement, assez rapidement arrive Iris, une des volontaires longue durée de l’endroit, qui me file un coup de main sur le ménage, et sera ma boussole pour les jours à venir. Car la situation est la suivante : après la session intense d’enseignement, Tom est maintenant focalisé sur le fait de finir (enfin) la salle de bain qu’il devait construire depuis des années. Zaia quant à elle a sa musique, l’administratif, la cuisine et le reste de ses activités pour l’occuper. Brad, le second volontaire longue durée nous rejoint le mardi après-midi et le reste de la semaine se passe pour moi à suivre Iris, essayer d’apprendre des choses et de me rendre utile, tout en hallucinant sur le fait que Tom ne m’adresse jamais directement la parole, et que la seule fois ou Zaia le fait, c’est pour me demander si ça va, et de ne pas hésiter à lui dire si il y a un problème. Oui, il y a un problème. Je bosse 8 à 10h par jour, sous la direction d’une volontaire qui s’est elle-même formée, sans être vraiment logée, sans non plus être vraiment nourrie, car si les trois repas par jours sont assurés, les pauses de 10h et 16h qui devaient l’être également n’ont jamais pointé leur nez, ils ne m’adressent jamais la parole, arrivent pour le repas et repartent aussi sec dans leur maison, ce qui limite grandement les conversations et je commence à me sentir à la fois exploitée et prise pour une conne. Sans compter que je n’apprends pas vraiment grand-chose, surtout que je ne peux même pas compter sur la simple discussion pour piller leurs cerveaux. 

Pour rajouter du gris dans le tableau, mon anniversaire approche à grands pas et vu qu’ils ont décidé de prendre un weekend de repos et qu’Iris doit retourner au boulot de façon imprévue, je vais me retrouver coincée ici, toute seule avec Brad qui n’est pas vraiment le plus joyeux des compagnons. Un exemple ? Alors que je lui demandais s’il allait bien, lui trouvant l’air contrarié, il m’avait répondu « oh non, j’ai toujours l’air misérable »… Et pour sûr il a l’air misérable, n’ayant pas non plus trouvé ici ce qu’il cherchait, plus intéressé qu’il est par le jardinage urbain mais un peu coincé par absence de revenus et de perspectives, et s’étant englué dans le processus de payer sa formation en permaculture par le volontariat ici. Je sens que ça va être un super weekend. J’ai envie de fuir, de trouver ailleurs ou aller, je suis furieuse contre eux de ne pas bosser avec nous, de nous avoir laissé nettoyer après les étudiants, de ne pas mettre un pied dans le jardin à part pour récolter de quoi faire une salade… Plus le fait qu’il commence à pleuvoir des cordes, ce qui réduit grandement notre capacité à abattre un peu de boulot.

L'un dans l'autre, les deux seules bonnes nouvelles de la semaine sont que j'ai appris à allumer un feu pour chauffer l'eau de notre douche et qu'un petit veau est né à la ferme. Miracle de la vie que ce petit animal qui se met tout de suite sur ses pattes et tête...

Mais deux choses surviennent :
-          Alors que nous sommes allés au rendez-vous de Seed Savers à Pomona avec Iris et Brad (dont la démotivation est aussi grande que la mienne), Joan et Line, que j’ai rencontrées à Bellbunya, sont aussi présentes, ainsi que Carolyne, qui se promène dans les rues avec sa puce Evelyne. Ni une ni deux, je leur dis que je me sens atrocement seule et que je voudrais fêter mon anniversaire avec elles. Si elles peuvent faire passer le message à la communauté, j’aimerais bien retrouver ceux qui veulent venir au marché de Noosa, pour un gros petit déjeuner festif.

-          Inquiète à l’idée que Tom essaye de me placer en charge du jardin au départ d’iris (après tout on m’a déjà fait le coup à Bellbunya) je rentre dans le vif du sujet et lui demande s’il travaillera avec nous la semaine prochaine. Il reconnait alors s’être beaucoup appuyé sur Iris cette semaine et m’assure que oui, la semaine suivante nous travaillerons ensemble, sans faute.

Le weekend de mon anniversaire arrive, illuminé le samedi par un workshop sur le jardinage en petit espace, un chai bien chaud au Shared, bar alternatif et galerie d’expo, un déjeuner bio et bon et une balade sur la plage de Peregian Beach, où je découvre un petit coin de nature sauvage qui ressemble à un jardin d’Eden, primitif et hors du temps. 
Le dimanche, je retrouve au marché Joan, Brett et Line, pour un mix petit déjeuner/lunch où se croisent spécialités asiatiques, pains au chocolat, saucisson et gâteau sans gluten chocolat-mandarine. Vers midi il est temps pour moi de retourner à Kin Kin, car Tom et Zaia ne devraient pas tarder. 
Ils n’arrivent finalement que bien plus tard, après que nous nous soyons occupés des animaux avec Brad et nous annoncent que vus qu’ils sont crevés de leur weekend de repos, ils ne mangeront pas avec nous. Brad et moi on engloutira en silence le repas, le couronnant d’une part de gâteau au chocolat que Zaia avait cuit en avance et congelé, puis il ira se coucher. 
Il est 8h00 du soir, je suis toute seule dans l’espace étudiant, ouvert à tous les vents, bouffée par les moustiques, et la connexion internet ne va pas tarder à être coupée par le couvre-feu strict du soir (17h-21h pour l’accès internet). 
Bon anniversaire à moi.

2 commentaires:

  1. Bon anniversaire depuis la suisse! Toujours un plaisir de lire tes aventures! à tout bientôt!

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  2. Bon anniversaire!
    On est un peu loin, mais t'es pas toute seule!

    Et j'espère que t'as gardé ce petit livre sur les don'ts for dancers ;)

    Bisou
    Fab

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