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Une frenchie à la découverte de l'autre bout du monde, partie voir là-bas si j'y étais.

dimanche 3 mars 2013

De Gin Gin à Cooroy - Partir enfin

Mes demandes de wwoofing envoyées le 2 janvier au matin ont bien porté leurs fruits, et je me retrouve avec trois réponses positives, à échelonner comme je le peux en expliquant gentiment aux divers hôtes que je suis désolée mais que j'ai envoyé plusieurs requêtes en même temps alors est-ce qu'on peut s'arranger? C'est vers la Sunshine Coast que je me dirige cette fois, Cooroy plus précisément, chez Tania Coppel, une dame âgée qui habite une propriété qui a été conçue par Geoff Lawton, l'un des designer majeurs du mouvement de permaculture, et qui a accepté de m'héberger juste quelques jours, en attendant que mon hôte suivant, la communauté Bellbunya, ait une place pour moi en tant que volontaire à temps plein (6h par jour) s'occupant du jardin.

Les choses ne se sont pas vraiment améliorées chez les Bradfield et, malgré les promesses de Robb comme quoi nous allions au moins finir la baie à compost, histoire que j'ai accompli quelque chose, ou allez visiter la ferme à lombrics, encore une fois, rien n'a eu lieu. C'est dans ces moments qu'on voit la différence entre ceux qui parlent et ceux qui font. J'ai besoin d'air, de partir d'ici et de faire un break avant de me replonger dans la vie de quelqu'un d'autre. Alors même s'il n'y a qu'un peu plus de 2h30 de route entre Gin Gin et Cooroy, je décide de partir de chez eux le samedi midi, alors que je ne suis attendue que le dimanche après-midi chez Tania. En chemin, j'ai prévu un certain nombre d'escales dans des lieux connus pour être superbes. Me reconnecter avec la nature et l'océan m'aidera surement à me sentir mieux, après avoir eu la sensation d'avoir perdu trois semaines ici.

Le jour de mon départ, alors même que je suis en train de finir de ranger mes affaires dans mon van, Robb et Tammy sont rivés à leurs téléphones, ne m'adressant pas un mot. Ils ne me proposent pas de rester déjeuner (mais je me fais quand même un petit quelque chose à grignoter), ne m'offrent rien à emporter pour mon repas du soir, qu'ils savent que je vais préparer sur la route, rien. Peut-être qu'ils sentent ma réprobation latente, probablement même, même si j'essaie de ne pas la laisser transparaître. Nos adieux sont malgré tout assez chaleureux et j'ai le coeur à la fois lourd et léger quand je pars. Les grands enfants ne sont pas revenus, les petits sont au lit, mais j'ai de toute façon la sensation qu'à force de voir des wwoofers passer dans leur vie, ils ne s'intéressent et ne s'attachent plus.

Prendre la route me fait du bien. J'ai les cowboys fringuants dans les oreilles et le spectacle de la nature du Queensland suffit à m'alléger. Au programme? Allez à Hervey Bay, point de départ pour la mythique Fraser Island, la plus grande île de sable du monde, que des dizaines de voyageurs à la recherche de sensations fortes sillonnent en 4x4. Pas mon trip, mais les plages sont censées être belles et un peu de grands espaces me fera du bien. Station balnéaire artificielle, tout comme Airlie Beach, Hervey Bay n'a que peu d'intérêt en soit, mais, alors que la marée est extrêmement basse, je vais vadrouiller sur la plage et mettre mes doigts de pieds dans une eau tellement chaude que je ne peux que rigoler toute seule en murmurant pour moi seul "Ahaha. c'est complètement, cooooomplètement indécent!" tout en pensant à la famille et aux amis qui grelottent en France.


Parfois les crabes font dans l'art figuratif.
La route est belle, bordée de sublimes forêts qui semblent irradier d'énergie après cette première pluie, le ciel est bleu... Et pour ce soir je me suis trouvée un petit spot, une aire de repos un peu à l'écart de l'autoroute, où je me pose face à la prairie et m'installe pour une petite soirée tranquille, en tête à tête avec moi-même, et avec un bon film sur mon laptop. Seule. Libre. Hmmmmm.




Le réveil se fait aux aurores pour ne pas louper les dauphins à Tin Can Bay. A une heure de route se situe en effet une petite plage dans la ville où viennent, tous les jours, s'alimenter quelques dauphins. Je m'en suis fait toute une joie. Arrivée sur place, force m'est de constater que je ne suis pas la seule à fantasmer sur l'idée de nourrir des dauphins, et que l'attraction est devenue un business, où il faut payer pour avoir accès à la mini-plage où les animaux ont été habitués à venir recevoir leur poisson. L'endroit est bondé, et la seule chose spontanée que j'y vois, ce sont les cormorans qui se sont aussi rassemblés, prêts à sauter sur tout ce qui sera dédaigné par les animaux aquatiques, et qui forment une drôle de foule en miroir de celle des humanoïdes.




Incroyable cet oeil vert...
Bientôt, les premiers becs et dos argentés apparaissent et une vague d'excitation saisie la foule, autrement bovine et marinant dans l'eau salée jusqu'à mi-mollet. Je ne resterais pas jusqu'au moment où ils donnent les poissons car le processus prend un temps fou et je crois que j'ai ma dose de foule et pas envie de rester sur la pointe des pieds pour apercevoir un éclair de chair grise et glissante de mammifère marin entre deux morceaux de chair rose et huileuse de mammifères terrestres.





La magie du moment n'est pas au rendez-vous et mon estomac crie famine, alors je délaisse le spectacle décevant et reprend le volant. Mais il ne faut pas plus de quelques minutes de conduite pour que je trouve un parc donnant sur l'autre côté de la baie où une vue superbe et bien plus majestueuse m'attend. En tailleur sous un arbre, je m'y régale de mon tout nouveau mélange de céréales que j'enrichis à chaque fois de nouveaux ingrédients : pâte de sésame, airelles séchées, dattes, mélange de noix... La magie est ici, dans cet instant tout simple de ce délicieux petit déjeuner devant un paysage à déguster lui aussi.



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