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Une frenchie à la découverte de l'autre bout du monde, partie voir là-bas si j'y étais.

vendredi 18 janvier 2013

Des laitues à Mission Beach

De Paronella à Mission,
l'orage menace mais l'arc-en-ciel me fait un clin d'oeil

C’est un peu à reculons que j’arrive chez Peter et Laurie Trott. La vérité est que je souhaitais m’extraire au plus vite de Machans Beach après un séjour bien plus long que prévu. Aucun hôte ne m’avait répondu en cette période pré-Noel, excepté eux, mais sur un ton qui ne m’avait pas trop enthousiasmée. Dès mon arrivée cependant, en voyant le visage de Peter qui ressemble tant à tonton Claude, je me dis « Lui, je l’aime bien ! ». Pour elle, je suis plus réservée, d’emblée. 

Peter et Laurie font pousser des salades en hydroponie, c’est-à-dire hors sol, dans des tables de cultures où les plantes sont alimentées par un milieu nutritif. C’est très (trop?) artificiel pour moi, mais j’ai envie de voir à quoi ça ressemble précisément.

Je leur ai annoncé que je travaillerais volontiers plus de 4h par jour et ils vont me prendre au mot. Durant les 5 jours où je vais rester, le réveil se fera autour de 5 ou 6h le matin, pour commencer par sortir les salades de leurs alvéoles et les empaqueter dans des feuilles plastiques puis dans des cartons, les jours de livraison. Le reste du temps, et comme on est en fin de saison (ils prennent 1 mois de vacances dans 1 mois), il y a des tables de culture à nettoyer, à grand renfort de jet d’eau et de brossette (et avec un merveilleux tablier en plastique qui me couvre jusqu’à mi-mollets). Mes autres tâches se répartirons entre récolter et trier les litchis, en essayant de ne pas se faire bouffer cru par les fourmis vertes, arroser les arbres natifs qu’ils ont replantés après la dévastation causée par les deux cyclones Larry et Yassi, et planter des jeunes pousses dans les tables toutes propres. La plantation en soit est incroyablement simple mais souligne encore l’artificialité du système : on met le système de nutrigation en route, on en vérifie le débit, puis on pose un plant dans chaque alvéole, et voilà, c’est planté !









Quelques uns des arbres à litchis, et à fourmis

Citrons et Pomelos

Mais mais...?

Mais oui! C'est un mimosa timide!! (appelé ici Sensitive weed)
Et il y en a PARTOUT partout partooouuuutttt! Guiliguili!

Argh, moins guili du coup.
Cette charmante bestiole est un peu plus grande que ma main.



L'après-midi, comme il fait chaud, on va se baigner dans la petite rivière voisine

Ce qui m’intéresse plus, c’est leur histoire. Laurie et Peter sont tous les deux (ou plutôt ont été) journalistes, et ont toujours eu des fermes à côté, preuve s’il en est que ce mode de vie est possible. A l’inverse d’autres habitations que j’ai pu voir jusqu’ici, leur maison est très européenne, décorée d’un certain nombre d’œuvres d’art. Moi, je dors dans mon campervan et je fais ma toilette dans la douche sommaire de la grange, car leur petite-fille occupe la chambre d'amis. Mais ça ne me gêne pas, ça me donne l'occasion de bien apprivoiser mon van, et de profiter de la fraîcheur des nuits, toutes portes et coffre ouverts mais protégés par des moustiquaires.

De ces quelques jours passés sur place, j’aurais une assez bonne vision de la dynamique de leur couple, qui va me donner envie de fuir très rapidement. Peter, bien plus âgé que Laurie, travaille comme un âne dans la ferme tandis que Laurie (probablement occupée par la présence de sa petite fille, puis de sa sœur malade) ne fait pratiquement rien, mais trouve le moyen d’être épuisée tout de même et de toujours être critique voir vraiment désagréable vis-à-vis de son mari. Une ou deux fois, alors que nous parlons toutes les deux et que la conversation est plutôt plaisante, je me retrouve à l’écouter critiquer ses décisions et son comportement, ce qui me met plus que mal à l’aise. Ajoutez à ça le fait que Hanna est très demandeuse d'attention, toujours à couiner qu'elle s'est fait atrocement mal ou que quelque chose ne va pas, et que Laurie lui fait tout le temps remarquer qu'elle est trop grosse, attitude dont j'essaye gentiment de lui expliquer que s'il est important de faire attention à ce que mangent les enfants, leur reprocher leur poids peut engendrer à moyen et long terme un vrai traumatisme... Et oui, vous imaginez pourquoi j'ai envie de bouger.

A côté de ça, Mission Beach en soi, le petit village qui se situe à une dizaine de minutes de voiture, est plutôt charmant, avec une très belle plage, quelques cafés et magasins, notamment de fringues et un excellent magasin bio, de nombreux campings, villages de vacances et hôtels pour backpackers. Juste en face, les îles de la barrière de corail font de l’œil aux backpackers et le lieu est un spot de saut en parachute.

Tous les deux impliqués dans la sauvegarde du patrimoine local, Laurie et Peter s’occupent respectivement d’un projet d’affichage permanent autour d’une localité voisine qui mettra à l’honneur les paroles d’une ancienne de la tribu aborigène locale (travail pour lequel Laurie me demande mon expertise de confrère et écoute avec intérêt mes remarques) et de faire des visites guidées du parc naturel voisin, avec présentation des plantes et animaux. Car dans le coin vivent de nombreux Cassowary, même si je n’aurais pas la chance d’en voir. Pour une de ses présentations, Peter a tressé un petit panier et je lui exprime mon intérêt, ce qui, par un curieux concours de circonstances, m’amènera directement chez mes hôtes suivants.

Car Peter et Laurie connaissent Kate et Stuart, un couple de tisseurs de fibres qui produisent des paniers, notamment en palme de coco, et qui vivent tout juste dans les environs. Mais le timing est un peu complexe car Noel approche et, même si ce n’est jamais dit clairement, il est plus que clair qu’ils ne souhaitent pas m’héberger à ce moment. Ce qui tombe bien, car j’ai plutôt envie de partir. Entre l’artificialité de leur agriculture (la préparation des cuves de nutriments, par addition de quantités précisément mesurées de produits chimiques en poudre m’a plus que convaincue que je ne veux pas m’engager là-dedans) et l’ambiance très tendue entre eux, il est déjà temps de prendre l’air. 

Par chance ( Mais est-ce bien de la chance ? depuis le début de ce voyage, et même le début de ce projet, dès que j’ai vraiment envie de quelque chose, cela arrive.), nous rencontrons justement Kate au marché, où j’avais hésité à venir. Ce sera ma récompense pour avoir arpenté des heures le marché de quelques allées en compagnie de Laurie, qui connait tout le monde et s’arrête tous les deux pas, Hanna sa petite-fille, dont l’enthousiasme et le consumérisme me glacent, et Lauren, qui « a un cancer tu comprends donc il faut être gentille avec elle », dixit Hanna. En tout cas Kate est plus que ravie à l’idée que je vienne leur donner un coup de main à tresser quelques paniers avant le grand rush du dernier marché avant Noël, et même si ce n’est que pour quelques jours. Ayant trouvé un hôte qui veut bien m’héberger pour la période des fêtes, mais qui se situe à plusieurs jours de route, je la prends au mot et saute sur l’occasion.

Une dernière matinée de travail avec Peter pour le décharger un peu de ces longues journées de travail les jours de distribution, un copieux petit déjeuner en compagnie de Laurie, une dernière photo avec Hanna et une de leurs poules qui s’invite dans le cadre, et me voilà donc partie, J+6 après mon arrivée, et gaie comme un pinçon. Il est 8h du matin, la journée est à moi et je vais apprendre à tresser des paniers !

Au final, je n'aurais pas vraiment eu le temps de me connecter à ces hôtes, je n'ai fait que passer dans leur vie, la période pré-Noël n'étant pas vraiment idéale et la présence de la famille non plus, mais vu que cela m'a mis sur la route de Kate et Stuart, je ne regrette pas.

1 commentaire:

  1. du mimosa sensitif ailleurs que dans les pots de fleurs de la jardinerie :D !!!!!

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