De Paronella à Mission, l'orage menace mais l'arc-en-ciel me fait un clin d'oeil |
C’est un peu à reculons que j’arrive chez Peter et Laurie
Trott. La vérité est que je souhaitais m’extraire au plus vite de Machans Beach
après un séjour bien plus long que prévu. Aucun hôte ne m’avait répondu en
cette période pré-Noel, excepté eux, mais sur un ton qui ne m’avait pas trop
enthousiasmée. Dès mon arrivée cependant, en voyant le visage de Peter qui
ressemble tant à tonton Claude, je me dis « Lui, je l’aime
bien ! ». Pour elle, je suis plus réservée, d’emblée.
Peter et Laurie
font pousser des salades en hydroponie, c’est-à-dire hors sol, dans des tables
de cultures où les plantes sont alimentées par un milieu nutritif. C’est très (trop?) artificiel pour moi, mais j’ai envie de voir à quoi ça ressemble
précisément.
Quelques uns des arbres à litchis, et à fourmis |
Citrons et Pomelos |
Mais mais...? |
Mais oui! C'est un mimosa timide!! (appelé ici Sensitive weed) Et il y en a PARTOUT partout partooouuuutttt! Guiliguili! |
Argh, moins guili du coup. Cette charmante bestiole est un peu plus grande que ma main. |
L'après-midi, comme il fait chaud, on va se baigner dans la petite rivière voisine |
Ce qui m’intéresse plus, c’est leur histoire. Laurie et
Peter sont tous les deux (ou plutôt ont été) journalistes, et ont toujours eu
des fermes à côté, preuve s’il en est que ce mode de vie est possible. A l’inverse
d’autres habitations que j’ai pu voir jusqu’ici, leur maison est très
européenne, décorée d’un certain nombre d’œuvres d’art. Moi, je dors dans mon campervan et je fais ma toilette dans la douche sommaire de la grange, car leur petite-fille occupe la chambre d'amis. Mais ça ne me gêne pas, ça me donne l'occasion de bien apprivoiser mon van, et de profiter de la fraîcheur des nuits, toutes portes et coffre ouverts mais protégés par des moustiquaires.
De ces quelques jours
passés sur place, j’aurais une assez bonne vision de la dynamique de leur
couple, qui va me donner envie de fuir très rapidement. Peter, bien plus âgé
que Laurie, travaille comme un âne dans la ferme tandis que Laurie
(probablement occupée par la présence de sa petite fille, puis de sa sœur malade)
ne fait pratiquement rien, mais trouve le moyen d’être épuisée tout de même et
de toujours être critique voir vraiment désagréable vis-à-vis de son mari. Une
ou deux fois, alors que nous parlons toutes les deux et que la conversation est
plutôt plaisante, je me retrouve à l’écouter critiquer ses décisions et son
comportement, ce qui me met plus que mal à l’aise. Ajoutez à ça le fait que Hanna est très demandeuse d'attention, toujours à couiner qu'elle s'est fait atrocement mal ou que quelque chose ne va pas, et que Laurie lui fait tout le temps remarquer qu'elle est trop grosse, attitude dont j'essaye gentiment de lui expliquer que s'il est important de faire attention à ce que mangent les enfants, leur reprocher leur poids peut engendrer à moyen et long terme un vrai traumatisme... Et oui, vous imaginez pourquoi j'ai envie de bouger.
A côté de ça, Mission Beach en soi, le petit village qui se
situe à une dizaine de minutes de voiture, est plutôt charmant, avec une très
belle plage, quelques cafés et magasins, notamment de fringues et un excellent
magasin bio, de nombreux campings, villages de vacances et hôtels pour
backpackers. Juste en face, les îles de la barrière de corail font de l’œil aux
backpackers et le lieu est un spot de saut en parachute.
Tous les deux impliqués dans la sauvegarde du patrimoine
local, Laurie et Peter s’occupent respectivement d’un projet d’affichage permanent autour
d’une localité voisine qui mettra à l’honneur les paroles d’une ancienne de la
tribu aborigène locale (travail pour lequel Laurie me demande mon expertise de
confrère et écoute avec intérêt mes remarques) et de faire des visites guidées
du parc naturel voisin, avec présentation des plantes et animaux. Car dans le
coin vivent de nombreux Cassowary, même si je n’aurais pas la chance d’en voir.
Pour une de ses présentations, Peter a tressé un petit panier et je lui exprime
mon intérêt, ce qui, par un curieux concours de circonstances, m’amènera
directement chez mes hôtes suivants.
Car Peter et Laurie connaissent Kate et Stuart, un couple de
tisseurs de fibres qui produisent des paniers, notamment en palme de coco, et qui
vivent tout juste dans les environs. Mais le timing est un peu complexe car
Noel approche et, même si ce n’est jamais dit clairement, il est plus que clair
qu’ils ne souhaitent pas m’héberger à ce moment. Ce qui tombe bien, car j’ai
plutôt envie de partir. Entre l’artificialité de leur agriculture (la
préparation des cuves de nutriments, par addition de quantités précisément
mesurées de produits chimiques en poudre m’a plus que convaincue que je ne veux
pas m’engager là-dedans) et l’ambiance très tendue entre eux, il est déjà temps
de prendre l’air.
Par chance ( Mais est-ce bien de la chance ? depuis
le début de ce voyage, et même le début de ce projet, dès que j’ai vraiment
envie de quelque chose, cela arrive.), nous rencontrons justement Kate au
marché, où j’avais hésité à venir. Ce sera ma récompense pour avoir arpenté des
heures le marché de quelques allées en compagnie de Laurie, qui connait tout le
monde et s’arrête tous les deux pas, Hanna sa petite-fille, dont l’enthousiasme
et le consumérisme me glacent, et Lauren, qui « a un cancer tu comprends donc
il faut être gentille avec elle », dixit Hanna. En tout cas Kate est plus
que ravie à l’idée que je vienne leur donner un coup de main à tresser quelques
paniers avant le grand rush du dernier marché avant Noël, et même si ce n’est
que pour quelques jours. Ayant trouvé un hôte qui veut bien m’héberger pour la
période des fêtes, mais qui se situe à plusieurs jours de route, je la prends
au mot et saute sur l’occasion.
Une dernière matinée de travail avec Peter pour le décharger
un peu de ces longues journées de travail les jours de distribution, un copieux
petit déjeuner en compagnie de Laurie, une dernière photo avec Hanna et une de
leurs poules qui s’invite dans le cadre, et me voilà donc partie, J+6 après mon
arrivée, et gaie comme un pinçon. Il est 8h du matin, la journée est à moi et
je vais apprendre à tresser des paniers !
Au final, je n'aurais pas vraiment eu le temps de me connecter à ces hôtes, je n'ai fait que passer dans leur vie, la période pré-Noël n'étant pas vraiment idéale et la présence de la famille non plus, mais vu que cela m'a mis sur la route de Kate et Stuart, je ne regrette pas.
du mimosa sensitif ailleurs que dans les pots de fleurs de la jardinerie :D !!!!!
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