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Une frenchie à la découverte de l'autre bout du monde, partie voir là-bas si j'y étais.

vendredi 7 décembre 2012

Une nuit à Tjapukai

Autre chose dont j'ai oublié de parler, c'est la soirée que j'ai passé au parc culturel aborigène de Tjapukai! Parce que j'étais tellement déçue de ne pas être allée à Yarrubah pour le rassemblement de l'éclipse (même si finalement ils n'ont rien vu, bien fait!), Jez m'a proposé qu'on aille passer une soirée au Tjapukai. Moi, j'ai plutôt tendance à fuir ces attractions touristiques mais mes guides en parle comme un des endroits à faire où on découvre vraiment la culture aborigène. Et puis le site est alléchant, bien que je ne regarde pas en détails. Une initiation à la culture aborigène, un repas à quatre plats, une démonstration de feu et de danse? Et puis bon, on m'invite. Alors ok.

Ce soir là, un peu habillés, on attrape donc un taxi pour se rendre au parc, dont on paye heureusement l'entrée au tarif local (heureusement, ouais...). On nous fait d'abord attendre dans la boutique du parc, où nous est servi un verre de bienvenue. C'est à ce moment là que débarque un car de japonais. Argh. Bon, mais après tout... On nous dirige vers une première petite salle où sont exposés des objets traditionnels aborigènes et où sont suspendus un certain nombre de tableau et de tentures, dont une tapisserie qui est censée être l'une des plus grandes et des plus anciennes de l'histoire aborigène, et est effectivement plutôt impressionnante.


Mais pas le temps de s'attarder sur ces broutilles (ah bon?) parce qu'au centre de la pièce, la petite scène s'est illuminée, et le reste plonge dans le noir, à l'exception de faisceaux lumineux en forme d'animaux. Je commence à flairer l'embrouille.


Un des quatre aborigènes présents sur l'estrade prend la parole et nous raconte rapidement l'histoire de la tenture, puis nous explique que nous allons assister à une cérémonie sacrée pour allumer le feu. Et que pour ça nous allons devoir participer. Une porte s'ouvre, et une employée chargée d'une brouette drapée d'une étoffe vaguement aborigène apparaît. Dans la brouette, des paires de clapsticks, ces instruments percussifs aborigènes qu'on frappe l'un contre l'autre pour émettre un son. Dans le même temps, un homme et une femme aborigènes font le tour de la salle, les mains couvertes d'argile noire ou blanche, et nous laisse sur les joues les marques de leurs doigts.



Le principe de la cérémonie est simple, nous explique celui qui porte le micro, il y a certains mots qui désignent le feu, et peuvent l'encourager à prendre et à se développer, alors nous allons chanter, en nous accompagnant aux clapsticks, une sorte de chanson à réponse, tandis que le joueur de didgeridoo s'époumone dans son instrument et que ses acolytes s'efforcent de produire du feu en tournant une baguette de bois tendre dans un support en bois dur (à moins que ce ne soit l'inverse?) le tout au dessus d'une sorte de kapok hautement inflammable.


Nous voilà donc tous en train de rythmer le chant et de répondre aux lancées du chanteur, avec plus ou moins d'enthousiasme dans la salle. Plutôt plus du côté du car de japonais et moins de mon côté, je dois bien dire. Mais là où l'attraction attrape-nigaud tourne à la farce, c'est quand les acteurs n'arrivent pas à allumer le feu. Ça s'éternise, ils se relaient, discutent, changent de position, de baton, un flottement tenace s'installe et un fou rire me guette. Le joueur de didgeridoo s'y met, puis finit par demande un briquet à la salle, en plaisantant à moitié. Et puis celui qui est manifestement le maître de cérémonie et le plus ancien des aborigènes présents prend les choses en main et en quelques secondes, de ce qui n'était jusqu'ici que de la fumée, s'élève une flammèche. Cris d'enthousiasme dans la salle.


Vient alors la seconde partie du show. Toutes lumières éteintes, à part la veilleuse du feu nouveau-né, un tonnerre artificiel se déchaîne et des éclairs néons illumine la salle, alors qu'une créature (un esprit nous souffle-t-on) vêtue d'un pyjama noir à étincelles, avec une couronne d'antennes lumineuses et des bras plus longs que nature, vient attaquer le feu. Heureusement, la minuscule braise résiste et le mauvais esprit est chassé par les courageux aborigènes. Applaudissements nourris des japonais, échange de regards consternés entre Jez et moi.

La double porte qui mène vers l'extérieur s'ouvre alors et nous suivons nos animateurs sous un porche, alors qu'il pleut à grande eau. De l'étincelle qu'ils ont fait naître, les aborigènes allument une torche, placée au bout d'une lance, qu'ils projettent avec un percuteur jusqu'au milieu d'un lac situé quelques 20 mètres en contrebas, où elle s'abîme manifestement dans une mare de pétrole, au vu de la flamme qui jaillit. Ooooohhh fait le foule. Puis, vite vite, on nous dirige vers le restaurant, nous faisant au passage déposer nos clapsticks dans la brouette.

A table, les boissons que nous avions demandées avant le show nous attendent. Ainsi que la buffet. Taïauuutttt, à nous le kangourou, l'émeu, et autre baramundi mariné, à nous les confitures et chutneys de fruits étranges, les noix et plantes de la forêt, les... la soupe miso et le riz au porc laqué? Comment ça??? 

Le buffet est définitivement international, avec un coin réservé à nos très chers hôtes japonais, où on m'indique que le tofu va dans la soupe miso et pas dans celle au potiron, avec celle au potiron j'ai le droit à la crème et aux croûtons, non mais. Ah. Heu, pardon, mais je vais quand même mettre du tofu dedans, un peu... Ce que je fait, sous le regard réprobateur de la serveuse et des japonais qui m'entourent. Le reste est à l'envi. Des salades composées, césar et autres, de la viande marinée, des pâtes... c'est à pleurer tellement c'est commun. On décide d'en rire plutôt. Si au moins c'était bon. Alors pour en rajouter une tranche, on se prend en photo, avec nos têtes de débiles et nos peintures de guerre.



Et puis, alors que je me dirige vers les desserts (terriblement européens eux aussi) le spectacle de danse commence. Ahhhhh! Ah? Heu. Ah. Bon alors d'accord je n'y connais rien en danses aborigènes et ce n'est clairement pas ce que j'imaginais, mais ils ont quand même l'air de se faire chier là les danseurs. Non? Au final, après renseignement, oui c'est normal que les morceaux de danse soient si courts et si peu développés au niveau difficulté, mais ça n'explique pas le manque d'enthousiasme. Mais le pire est encore à venir, parce qu'ils demandent des volontaires dans la salle. Au final, ce sont deux enfants japonais qui montent sur scène pour s'essayer (sans succès) à allumer du feu et danser la danse qui va avec. La soirée culmine ensuite avec le moment des photos, où tous les touristes se ruent sur scène les uns après les autres, pour se faire immortaliser en compagnie des pauvres bougres qui arborent soit un rictus crispé qui cherche à passer pour un sourire, soit une pose animale caricaturale. A peine le flot épuisé, ils repartent qui vers leur bus, qui vers leur taxi, et Jez et moi restons là comme deux imbéciles, à finir notre boisson alors qu'autour de nous le staff s'active et vient nous retirer les assiettes les unes après les autres. Le tout à duré moins de deux heures, et, clairement, ils n'attendent plus que notre départ pour fermer.

C'était donc Tjapukai, haut lieu de la culture aborigène en Australie. Et bien c'était en quelque sorte très intéressant. Déprimant mais intéressant de voir que c'est là une des seules opportunités de boulot pour les aborigènes et que c'est la façon dont ils transmettent (ou dont on leur fait transmettre) leur culture.

Finalement, le climax de ma journée ce sera plutôt ces deux animaux qui nous attendent à notre retour à la maison :
Croa? Qu'est ce que tu me veux?

On l'a baptisé Hugo. Hugo le mini-gecko.

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