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Une frenchie à la découverte de l'autre bout du monde, partie voir là-bas si j'y étais.

vendredi 7 décembre 2012

Les petits pois sont de toutes les couleurs

J'étais tellement excitée et obnubilée par cet achat de van que j'en ai oublié de vous parler de mon escapade sur la grande barrière de corail!
Retour vers le futur donc, nous sommes le dimanche 18 novembre.

7h - Une voiture s'arrête devant la maison et, alors que je tarde à finir de préparer mon sac, Sarah apparaît au coin de la piscine. J'arrive j'arrive! A l'extérieur, on voit Nadine faire demi-tour avec la voiture et revenir vers nous, avec l'air à la fois coupable et content d'un félin. Elle a trouvé des mangues tombées de l'arbre, elle qui en raffole, et en a ramassé quelques unes. Des mangues dans le coin, ce n'est pas ce qui manque, et je lui indique quelques autres spots à explorer quand elles me déposeront au retour.

Car oui nous partons ensemble voir la grande barrière de corail! Je suis vraiment contente de faire ça avec elles, parce que seule, ça n'aurait clairement pas la même saveur. Et puis du coup on a pu discuter les différentes agences et Nadine, qui a déjà fait plusieurs fois l'excursion snorkelling (palmes/masque/tuba) nous  trouvé quelque chose de bien et pas cher. 7h20, arrivée au bateau, même pas en retard, ce qui est manifestement inhabituel pour elles. La dernière fois, elles ont du louer un petit bateau avec chauffeur pour rattraper le bateau de croisière... On se présente, on donne nos noms et je ne suis pas sur la liste. Ah. Par contre l'argent a bien été retiré de mon compte hein. Et non, je n'ai pas confirmé 48h à l'avance mais Nadine non plus, et leurs noms y sont. Bon, on me laisse tout de même monter à bord, ils vont appeler le bureau pour vérifier. Ouf. Temporaire. On remplit un petit questionnaire qui nous mets aussi en garde contre les dangers de ce qu'on s'apprête à faire et on reçoit notre numéro de sécurité (qui sera collecté lors du retour au bateau, histoire d'être sur qu'on laisse personne en mer). En rendant le questionnaire, nouvel accrochage, je ne suis toujours pas sur la liste. Mais bon, ça passe, après que le ton soit un peu monté entre un des membres de l'équipage d'un côté, et Nadine et moi de l'autre. Oui oui, ils vont vérifier...

Au final, on part, donc j'imagine qu'ils ne vont pas me mettre à l'eau. Heu. J'espère!
Le temps est très couvert, il a même plu un peu ce matin, mais sur le Reef, cela devrait être dégagé. En tout cas Cairns et les collines alentours sont dans les nuages, c'est mystique...







Rapidement, le responsable de l'équipage nous réunit tous sur la plate-forme arrière et nous donne quelques règles de base de sécurité sur le bateau, et un peu d'information sur la plongée en elle-même. Jeune, dynamique, avec un discours bien rôdé et plutôt rigolo, il s'adresse clairement au public qui est là, principalement des voyageurs qui reviennent du festival de l'éclipse, sont encore bien stupéfiés et sont là pour s'amuser. Je crois qu'à part un autre couple, Nadine et Sarah sont les plus âgées. Quelques signes à retenir en cas d'homme à la mer, en cas de fatigue lorsqu'on palme autour du bateau, en cas de problème, ou si au contraire tout va bien, et il nous laisse à notre contemplation du paysage.










Le trajet vers la barrière de corail dure en fait près de 2h30 et à mesure qu'on s'éloigne de la côte, je suis de moins en moins rassurée. J'aime pas la pleine mer. J'aime pas ça, j'aime pas ça! Et puis si c'est si loin ça va être profond non? Et il y a des requins alors? Juste des petits répond Nadine, que ça amuse. Gnagnagnaaaa. Au moins, Sarah non plus n'est pas rassurée. Mais comme elle est culottée, elle demande au capitaine si on peut s'asseoir sur la banquette dans la cabine de pilotage et nous voilà toutes les trois en rang d'oignon à papoter avec le commandant du bateau. Moi, à mesure qu'on approche du premier spot, l'excitation et le stress commencent à me serrer le ventre. J'aime paaassss la pleine mer, j'aime pas l'eau profonde et d'abord il y a des requins...


Si le gps tombe en panne, on a la chance d'avoir un des derniers capitaines qui sait encore naviguer sans dans les parages. Youhou!

Première escale donc, avec une profondeur de 7m. Il y a quelques bateaux alentour mais ce n'est pas non plu bondé. Hop, on enfile tant bien que mal sa combinaison pour ceux qui en ont loué une, ou emprunté à David, comme moi, qui galère avec ma combinaison longue mais vais être bien contente de ne pas cramer ni geler une fois dans l'eau. On s'équipe, on se dirige en désordre vers les plates-formes de plongeon, armée de pingouins aux palmes colorées, l'air un peu stupide avec leur paille géante et leurs gros yeux.

Plouf. Et tout de suite ou presque, du simple fait de voir autour de moi, je suis plus rassurée. Même si clairement, durant cette plongée, je vais rester très près de Nadine et Sarah et veiller à ce qu'il y ait toujours quelqu'un entre moi et le "large" (comprendre : entre moi et un potentiel requin venant du large). La première impression est très mitigée. Il y a des poissons, pas mal même, mais je m'attendais à des formes et des couleurs incroyables, et je n'ai pas l'impression de découvrir d'espèces différentes de ce que j'ai pu voir en méditerranée (côté sardaigne) ou aux îles Gilis. Des portes-plumes, des poissons perroquets, d'autres qui ont l'air d'avoir un circuit imprimé fluo tatoué sur le museau, tout ça est joli mais déjà vu. Même le corail, dans ces premières minutes, me déçoit un peu.

Par contre il y a les bénitiers. Ces immenses coquillages, dont certains font pas loin de ma taille, vivants, plein d'une chair violet foncé ornée de paillettes vert fluo ou émeraude. Leur évent, blanchâtre, laisse voir l'intérieur de l'animal. Et c'est en regardant en détail leurs couleurs que je commence à me rendre compte de toutes celles autour de moi. Et de l'incroyable diversité de formes. Passé le moment de grisaille post plongeon, je découvre des tapis d'herbes sous-marine rosée, agités de mouvements fluides, des empilements calcifié, d'un jaune tendre, des forêts branchues, dures, d'une nuance de bleu jamais vue jusqu'ici. Et des verts d'eau, toutes les nuances de crème, de rose, de bleu, de vert, d'orange et de jaune, la majeure partie du temps pastels, mais parfois éclatants et tranchants sur le fond plus doux des autres couleurs. Incroyable, plus je regarde et plus ça change, plus je vois de différences, plus je perds aussi la notion du reste autour de moi.

Et puis d'un seul coup, coup de froid, malgré la combi, petit vertige. Il est temps de rentrer. Je me suis éloignée de Sarah et Nadine et n'arrive pas à les retrouver dans l'immédiat mais mon urgence est de retourner vers la stabilité du bateau. Grave erreur, car, à l'ancre et dans le courant, le bateau roule d'une flanc sur l'autre et le temps de me débarrasser de ma combinaison, j'ai pris une jolie couleur vert pâle. Pas petit déjeuner, fatiguée, je trouve plein d'explications, mais en attendant je m'allonge sur une banquette et j'essaye de calmer mon oesophage. Sarah, qui est aussi remontée, m'apporte une serviette humide et je reste là à agoniser. Heureusement, on repart assez rapidement et ça se calme dans mon ventre. Sauf qu'il est maintenant l'heure de manger, que l'odeur des saucisses bas de gamme grillées sur le barbecue me lève le coeur et que même le gout du pain et des salades me révulse. Mais le bateau avance toujours et je me force à manger, et ça finit pas passer. 

Deuxième escale, je me sens mieux, ré-enfile ma combi, resaute à l'eau et... AAHHHHH mais c'est profonnnnd!! Plus de 15 mètres, avec un mur de corail couvert de poissons à quelques coups de palmes de là, vers lequel je m'empresse de me diriger. Je me retrouve de nouveau dans une eau peu profonde, même s'il y a cette fois des creux à 8/10 mètres, et les formations coraliennes sont un peu différentes ici. Même scénario, je profite bien jusqu'au moment où je sens de nouveau une petite faiblesse. Pas vraiment envie de retourner sur le bateau ivre mais le courant est fort ici et je ne peux pas juste faire du surplace comme au premier spot. Un des moniteurs qui me voit lutter pour remonter et tourner au vert me conseille de redescendre à l'eau, en m'asseyant sur un boudin de mousse pour ne pas avoir à palmer. Me voilà donc, trônant sur ma frite en plastique mou, me retenant d'une main au bateau, les palmes dans 15 mètres d'eau. Je ne me sens pas très maline et, malheureusement, le simple fait de tenir le bateau et de le voir monter et descendre juste à côté de moi suffit à amplifier encore mon malaise. Bon et bien j'ai bien fait de me nourrir, au moins ça va servir aux petits poissons... Étonnant comme il est facile et presque agréable de vomir alors qu'on est déjà en quasi apesanteur dans l'eau.

Une fois l'estomac vide, je me hisse péniblement à bord et retourne m'allonger sur ma banquette de douleur, verte de nouveau. Là encore, dès que le bateau repart et que j'ai une serviette froide sur le front, la nausée passe. Et heureusement, car c'est l'heure du boom-netting pour les braves. Autant dire pas moi parce que je suis tout ce qu'il y a de plus fébrile. Mais Nadine et même Sarah y vont, enthousiastes. Alors le boom-netting c'est quoi? A l'arrière du bateau, l'équipage accroche un grand filet et, alors que le bateau avance (doucement dans un premier temps) une rangée de garçons saute, accrochés au bout du filet. Puis, le reste des enthousiastes saute tour à tour et vient s'accrocher dans le filet (ou dans les garçons, au choix). Le principe? Rester accroché quand le bateau accélère. Pour assurer le coup, la petite annexe va se poster 20 mètres derrière le bateau, pour rattraper les "hommes à la mer". Et c'est parti!











Au final, un certain nombre de filles décroche, le plus souvent rattrapées par le rang de garçons (aahh le mythe du chevalier servant) mais bataillant parfois de façon vraiment comique pour réussir à sortir du filet. Ça rigole certes, mais avec la pression de l'eau, certaines ont vraiment la sensation qu'elles risquent de se noyer. Au final, tout ce petit monde remonte en sécurité sur le bateau et, alors qu'on se dirige vers Cairns, sont servis en en-cas des crackers, du fromage, des fruits frais et des boissons. J'avale tout ça goulûment, puis me ré-allonge par précaution... et émerge deux heures plus tard.

Décidément, j'ai été une bien piètre compagne de virée. Nadine et Sarah, pas rancunières, s'arrêtent au passage chez David pour que je puisse lui ramener la combinaison (ce qui m'évite un trajet en bus) puis me déposent à Machans Beach chez Allister et Jez, avant de repartir vers Koah, tout en me proposant de venir m'y reposer si je ne me sens pas mieux les jours qui viennent. Elles sont vraiment en or.

Au final, malgré le mal de mer, qui n'est toujours pas réglé, contrairement à ce que je croyais vu que je ne suis plus malade en voiture, ça aura quand même été une chouette journée avec tous ces coraux! Je me souviens alors d'une phrase de la fille qu'hébergeait David quand je suis arrivée à Cairns et qui travaille sur un bateau de plongée "ce qui est incroyable, c'est qu'à chaque fois qu'on plonge, on en découvre de nouveaux!". Vivement la prochaine alors!

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