Si l’avant Noël a été calme, Robb a de gros projets pour ce
début d’année, et le fait que je sois prête à bosser plus de 4h par jour n’est
pas pour rien dans les grandes discussions que nous avons sur ce qu’on va
mettre en œuvre ensemble. Au menu, d’abord récolter et préparer l’ail pour le
séchage, puis construction de la structure et mise en route de la future pile
de compost, qui fera plusieurs mètres cubes, et en parallèle, design et
construction de la première partie du jardin potager, et test grandeur nature
avec du vermicompost acheté à la ferme à vers voisine, que je pourrais visiter
à cette occasion. C’est hyper enthousiasmant et je suis toute prête à rester 2
à 3 semaines ici, mon timing d’arrivée était parfait !
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Le balcon à côté de ma chambre |
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et sa vue. |
Robb, à 42 ans, possède sa propre ferme depuis seulement 4 ans, mais il a accumulé une quantité impressionnante de ressources sur les méthodes de permaculture et toutes sortes de sujets ayant trait à l’auto-suffisance ou auto-résilience. La façon dont il s’illumine en en parlant reflète, j’en suis sûre, l’enthousiasme qu’on peut lire sur mon propre visage lorsque j’apprends de nouvelles connaissances. Je pioche intensivement dans sa bibliothèque et me gave de nouveaux concepts, que j’affine en discutant avec lui. Ses projets pour la ferme voient grands, mais ça ne me semble pas infaisable, sur cette surface, de nourrir aisément une famille de 7. D’autant qu’ils font déjà leur pain, leurs spiritueux et leur yaourt, et bien sûr il y a les poules, les cochons, les vaches, canards et moutons pour la viande. Facile donc d’avoir même des surplus à vendre soit au marché, comme leur ail, en tant que produit sans traitement chimique (la certification bio coûte trop cher), soit dans un petit stand à l’extérieur de la propriété. Munis d’une « honesty box », une petit boîte dans laquelle l’acheteur respectueux glisse le prix de ce qu’il a prélevé sur l’étal, ces stands fleurissent partout devant les maisons et semblent fonctionner plutôt bien, ce qui m’ébahit complètement car je ne crois pas la même chose possible en France. A tort peut-être, mais il n’empêche.
Après Noël, les deux filles partent chez leur mère, la
seconde partenaire de Robb ( de la première il a un fils de 20 ans qu’il ne
voit presque jamais). Shaun et moi on se partage donc durant une semaine les
tâches destinées aux enfants, à la maison et dans la ferme : préparer et
donner le grain aux animaux, donner la ration de patate douce (un boulot
épuisant qui nécessite de pelleter et brouetter des tombereaux de patate),
collecter les œufs, arroser les cochons quand la température est trop
élevée ; mais aussi débarrasser la table, faire le pain, la vaisselle,
passer le balai… Vu que j’ai également vu les grands s’occuper de faire manger
et baigner les petits, ainsi qu’étendre le linge, je commence à me demander ce que
Tammy, la mère, fait à la maison et dans la ferme. Peut-être travaille-t-elle lorsque ce n’est
pas les vacances scolaires et que du coup, là, elle prend un bon break.
En parallèle, le matin tôt car dès 8-9h la température est
infernale, je m’occupe de ramasser l’ail. Ce qui implique d’abord de manier la
fourche pour le sortir du sol, puis de le disposer en bottes qu’on laisse
sécher une demi-journée avant de les ramasser et de les disposer sur des
grilles aérées par des ventilateurs, où elles vont subir un premier séchage. Si
Shaun, Robb et une fois même Tammy, me donnent un coup de main sur la récolte,
c’est tout de même moi qui en fait la plus grande partie, en quelques matinées
bien remplies.
L’étape suivante est le « snippage ». Il s’agit de se
débarrasser des feuilles sèches et de donner à l’ail une forme un peu plus
présentable, sans pour autant enlever toute la tige, ni les racines. Ce premier
nettoyage est grossier et a pour but de permettre un meilleur séchage, un
second nettoyage plus poussé rendra les têtes d’ail présentables pour le
marché. Dans le même temps, on récolte, avec l’aide appliquée et un peu
brouillon des deux petits, les minuscules bulbilles qui, encapsulées dans leurs
coques jaune foncé, entourent les têtes d’ail. Elles pourront être replantées pour
donner de mini-ails, parfaits pour l’apéro, et forts en gout. Un podcast de
l’émission de radio Terre à Terre dans les oreilles, le sécateur pneumatique à
la main, je snippe à moi seule les ¾ de la récolte en un peu moins d’une
semaine, quelques grilles chaque jour, partageant parfois la tâche avec Robb,
ce qui nous permet d’avoir encore de bonnes discussions, rythmées par les
« pschit-clac ! » de nos machines infernales.
Je m’installe doucement dans une de ces routines de ferme
que j’ai appris à apprécier. Levé très tôt, à peine après le soleil, se faire
un thé, que je sirote tranquillement en regardant les couleurs changer du
balcon, ou les chatons batifoler. Puis aller nourrir les animaux, en commençant par les canards, qui accourent à mon appel ("duck duck duck duck duuuuck") et me suivent en file indienne. Revenir
prendre le petit déjeuner. A ce moment-là en général les autres membres de la
famille sont levés, sinon, j’enchaîne sur une rangée d’ail à sortir de terre ou
un plateau d’ail à snipper. Même s’ils sont levés en fait, car ils ne sont
souvent opérationnels qu’un peu plus tard. Les jours s’enchaînent doucement,
l’après-midi, la chaleur écrasante me pousse à la sieste. La journée se rythme
par la collecte des œufs, qui permet aussi d’apprendre aux deux petits qu’il
faut partager, en l’occurrence ici l’honneur d’être porteur du panier des œufs.
Un problème que je résous souvent en confiant à Bobby, la petite puce de 2 ans,
UN œuf, qu’elle ramène ensuite très précautionneusement et très fière d’elle,
jusqu’à la maison.
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Mignon mais pénible :p |
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Duck duck duck duck duuuuuck! |
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hihi, les petits derniers. |
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Je suis attendue impatiemment. |
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Ce canard est complètement con.
Non seulement il se prend pour une poule
mais en plus il pince lorsqu'on essaye de prendre les oeufs sur lesquels il est assis. |
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Des brouettées de patates douces... |
Le Nouvel An se fond dans cette douce monotonie où filent
les jours et ce soir-là je me couche à 22h, comme d’habitude, sans même une
pointe d’amertume.
:D
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