Les (nombreuses) photos sont là
J’aimerais pouvoir parler de Dharmananda en lui rendant
justice. Décrire cette communauté, vieille de 40 ans et qui fonctionne
toujours, son incroyable résilience, sa gestion des conflits, ses jours de travail en commun, n’est pas
chose facile. Raison pour laquelle ce post à tant tardé, plus de deux mois.
Venue pour une à deux semaines, l’attente du visa de Romain et
l’absence de nouveaux wwoofers qui auraient rendus ma présence superflue ont
étendus mon séjour jusqu’à 5 semaines.
J’ai été heureuse ici. Solitaire parfois, car les membres
ont chacun leur maison, contrairement à la communauté précédente où j’avais
vécu, et que la maison commune n’est guère utilisée que pour les dîners et
activités communes. Mais, forte de ma nouvelle résolution d’aller vers les gens,
de me connecter autant que possible à ceux qui croisent ma route, j’ai rempli
ces heures pendant lesquelles je ne travaillais pas d’autant de contacts que
possible, filant un coup de main ici et là. J'ai aussi profité intensément de la nature environnante, partant pour de longues balades ou des baignades dans les trous d'eau de la rivière, me planquant sous la cascade ou bouquinant sur les pierres chauffées de soleil. Des photos de tout ça, ici.
Piochant dans la bibliothèque de la communauté j’ai continué
mon voyage en permaculture, en développement personnel, en tressage de paniers…
J’ai eu la chance également, ici comme plusieurs fois au cours de mon voyage,
de cliquer avec des personnes, hommes surtout, étonnement, qui ne me
considèrent pas comme une faible femme et m’ont donné des opportunités de
toucher à tout, m’ont poussée hors de ma zone de confort pour me prouver très
simplement que je peux moi aussi le faire.
Pour un des gars en particulier, JJ, il n’y a pas de
« je te regarde juste faire » qui tienne et « non je ne
peux pas » n’est pas une option tant que tu n’as pas essayé. Non pas qu’il
m’ait jamais forcée à quoi que ce soit, mais, jouant subtilement sur ma fierté
et mon envie d’apprendre malgré tout, il m’a toujours fait sentir, à sa façon
tranquille, que tout allait bien, qu’il suffisait que je suive ses instructions
et que j’y arriverais.
C’est comme ça que je me suis retrouvée sur un toit de
tôle à 5 mètres du sol, les deux pieds dans une gouttière et perceuse en main, machette
au poing à débiter du bambou pour en tresser des paniers ou la main enfoncée
jusqu’au poignet dans le ventre d’un poulet pour en extraire les viscères. Et
vous savez quoi ? J’ai adoré ça ! Me sentir devenir capable, regagner
des savoirs que la majeure partie de ma génération a perdu, est un sentiment
incroyablement puissant.
Alors que le visa de Romain se faisait encore et toujours
attendre, j’ai étendu mon séjour d’une semaine, de deux, de 5 jours
supplémentaires, encore 3, parce qu’il va bien arriver ce visa, alors bon,
autant rester dans le coin et profiter.
J’ai ainsi assisté à l’enterrement de vie de jeune fille
et au mariage d’Anna, grecque venue en wwoofing quelques années plus tôt et qui
a trouvé ici Ray, membre de la communauté depuis plus de 30 ans. Les photos sont là. Incroyable
cérémonie que ce mariage australo-grec au milieu de la forêt, les mariés pieds
nus dans un cercle de feuillages, et incroyable nourriture aussi, de
spécialités grecques en cheese-cake, pièce montée effectivement composée de…
fromages ! Des vrais ! des coulants ! des qui puent !
Bonheur de mes papilles de française qui se désespéraient du cheddar, même fait
maison.
Ce mariage a aussi été l’occasion de rencontrer Tina,
australo-grecque hyperactive de 38 ans, vivant libre de toute attache matérielle
et pratiquant la permaculture dans son pays d’Europe, quelle entend ainsi
pousser dans son développement vers un meilleur futur. Ses objectifs ont trouvé
une grande résonnance en moi et m’ont encore une fois fait reconsidérer mes
projets.
En parallèle, et notamment grâce à un livre emprunté à un
de mes amis de Bellbunya, j’y ai aussi appris beaucoup sur moi, sur ce que
j’attends de la vie, ce qui me rend heureuse, sur les relations aux autres, à
moi-même. Cette étape de mon voyage m’a amenée à faire le point, la synthèse de
ce que j’avais vécu jusqu’ici et à en tirer les leçons. Savoir donner tout ce
qu’on peut à quelqu’un, à un groupe de personnes, sans se protéger, et être
tout de même capable de partir ensuite, sans s’effondrer. Gérer au jour le jour
ses attachements, ses sentiments, sa joie et sa tristesse, tout ça enchevêtré.
Baignée dans la douce monotonie des jours qui se
succèdent et dans la joie des relations qui se tissent, j’ai glané ici et là de
nouveaux savoirs. Traire les vaches à la graisse à traire, faire du beurre,
apprendre de nouvelles façons de faire du yaourt, du pain et du fromage, faire
de nouveaux essais et diffuser la recette de gâteau à la carotte qu’Eugény m’a
donnée et que j’ai pour ambition de faire découvrir au monde… J’ai ainsi
exploré plus en profondeur l’idée de vivre moi aussi dans une communauté, à un
moment. Car comme je l’ai dit à une des petites qui me disait « tu devrais
vivre ici pour toujours ! », le voyage n’est pas fini pour moi, je ne
suis pas prête à me poser.
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